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Ainsi est né le socialisme moderne, fils du socialisme antique, et qui, comme lui, veut modifier la répartition des richesses en dépouillant ceux qui possèdent au profit de ceux qui ne possedent pas.

Le moyen de faire disparaître les inégalités sociales est théoriquement très simple. L’Etat n’a qu’à intervenir pour procéder à la distribution des biens, et rétablir sans cesse l’équilibre détruit au profit de quelques-uns. De cette idée si peu nouvelle, et si séduisante en apparence, sont sorties les conceptions socialistes dont nous allons nous occuper maintenant.


§3. Le collectivisme


Les doctrines socialistes sont très variées dans leurs détails mais très semblables dans leurs principes. Elles se trouvent par leurs côtés généraux synthétisées dans le collectivisme.[1]

Nous dirons quelques mots de ses origines dans le chapitre consacré a l’étude du socialisme en Allemagne. Le socialisme est divisé aujourd’hui en sectes innombrables, mais toutes possèdent ce caractère commun de vouloir recourir à la protection de l’État pour réparer les injustices du sort et procéder à la répartition des richesses.

  1. Ainsi que je l’ai fait remarquer dans la préface de cette nouvelle édition, le collectivisme commence à être considéré par les socialistes eux-mêmes, dans les pays à tendances scientifiques tels que l’Angleterre et l’Allemagne, comme une utopie irréalisable. Dans les pays qui se laissent gouverner par des opinions sentimentales comme les Latins, le collectivisme a au contraire conservé toute sa force. Le socialisme est beaucoup moins dangereux en réalité sous sa forme absolue que quand il prend l’aspect de simples projets d’amélioration par la réglementation du travail. Sous sa forme absolue et avec ses menaces de destruction on voit ses dangers et on peut le combattre. Sous sa forme altruiste on ne voit pas ses dangers et on l’accepte facilement. Il s’introduit alors dans tous les éléments de l’organisation sociale et les dissout lentement. La Révolution française commença elle aussi par des projets de réformes altruistes fort anodins qu’acceptèrent tous les partis, y compris ceux qui devaient en être les victimes. Elle se termina par de sanglants massacres et par la dictature.