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et celle de l’Etat à un minimum. Dans le collectivisme, ses moindres actions sont dirigées par l’État, c’est-à-dire par la collectivité. L’individu ne possède aucune initiative, tous les actes de sa vie lui sont tracés. Les deux principes ont toujours été plus ou moins en lutte, et le développement des civilisations modernes a rendu cette lutte plus vive que jamais. Ils n’ont en eux-mêmes aucune valeur absolue, mais doivent être jugés suivant les temps, et surtout les races chez lesquelles ils se sont manifestés. C’est ce que nous verrons en avançant dans cet ouvrage.


§2. L’individualisme


Tout ce qui a fait la grandeur des civilisations : arts, sciences, philosophies, religions, puissance militaire, etc., a été l’oeuvre des individus et non des collectivités. C’est par les individus d’élite, rares et suprêmes fruits de quelques races supérieures, que se sont réalisés les découvertes et les progrès les plus importants, dont l’humanité entière profite. Les peuples chez lesquels l’individualisme est le plus développé, sont par ce fait seul, à la tête de la civilisation et dominent aujourd’hui le monde.

Pendant des siècles, c’est-à-dire pendant la succession des âges qui ont précédé le nôtre, la collectivité a toujours été toute-puissante, au moins chez les peuples latins. L’individu n’était rien en dehors d’elle. La Révolution, couronnement de toutes les doctrines des écrivains du XVIII° siècle, représente peut-être la première tentative sérieuse de réaction de l’individualisme. Mais, en affranchissant, théoriquement au moins, l’individu, elle l’a isolé. En l’isolant de sa caste, de sa famille, des groupes sociaux ou religieux dont il faisait partie, elle l’a laissé livrer à lui-même, transformant ainsi la société en une poussière d’individus sans cohésion et sans liens. Une telle oeuvre ne pouvait avoir de conséquences bien durables chez des peuples peu adaptés par leurs caractères ancestraux, leurs institutions et leur éducation à compter sur eux-mêmes et à se gouverner sans maîtres. Très avides d’égalité ils se sont toujours montrés peu soucieux de la liberté. La liberté, c’est la concur-