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selle de la charité et rêve de lui en oubliant l’autel. Le misérable, courbé sous son dur labeur, y entrevoit confusément de lumineux paradis où il serait comblé de biens à son tour. L’immense légion des mécontents, et qui ne l’est pas aujourd’hui, espère que son triomphe sera l’amélioration de sa destinée. C’est l’addition de tous ces rêves, de tous ces mécontentements, de toutes ces espérances qui donne à la foi nouvelle son incontestable force.

Pour que le socialisme moderne ait si vite revêtu cette forme religieuse qui constitue le secret de sa puissance, il fallait qu’il apparût à un de ces rares moments de l’histoire où les hommes étant fatigués de leurs dieux, les anciennes religions perdent leur empire et ne subsistent qu’en attendant la croyance nouvelle qui doit leur succéder. Venu à l’instant précis où le pouvoir des vieilles divinités a considérablement pâli, le socialisme, qui, lui aussi, offre à l’homme des rêves de bonheur, tend naturellement à s’emparer de leur place.

Rien n’indique qu’il ne réussira pas à la prendre. Tout montre qu’il ne saurait la garder bien longtemps.