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blies. L’homme n’a pu réussir encore à vivre sans divinités. Elles tombent parfois de leur trône, mais ce trône n’est jamais resté vide. Des fantômes nouveaux surgissent bientôt de la poussière des dieux morts.

La science qui a combattu les dieux, ne saurait contester leur prodigieux empire. Aucune civilisation n’a pu réussir encore à se fonder et à grandir sans eux. Les civilisations les plus florissantes se sont toujours appuyées sur des dogmes religieux qui, au point de vue de la raison, ne possédaient aucune parcelle de logique, de vérité ou même de simple bon sens. La logique et la raison n’ont jamais été les vrais guides des peuples. L’irrationnel a toujours constitué un des plus puissants mobiles d’action que l’humanité ait connus.

Ce n’est pas aux lueurs de la raison qu’a été transformé le monde. Alors que les religions, fondées sur des chimères, ont marqué leur indestructible empreinte sur tous les éléments des civilisations et continuent à maintenir l’immense majorité des hommes sous leurs lois, les systèmes philosophiques, bâtis sur des raisonnements, n’ont joué qu’un rôle insignifiant dans la vie des peuples et n’ont eu qu’une existence éphémère. Ils ne proposent en effet aux foules que des arguments, alors que l’âme humaine ne demande que des espérances.

Ce sont ces espérances que les religions ont toujours données, et elles ont donné aussi un idéal capable de séduire et de soulever les âmes. C’est avec leur baguette magique qu’ont été créés les plus puissants empires, qu’ont surgi du néant les merveilles de la littérature et des arts qui forment le trésor commun de la civilisation.

Ce sont également des espérances que le socialisme propose et c’est ce qui fait sa force. Les croyances qu’il enseigne sont très chimériques et semblent n’avoir que bien peu de chances de se propager. Elles se propagent pourtant. L’homme possède la merveilleuse faculté de transformer les choses au gré de ses désirs, de ne les connaître qu’à travers ce prisme magique de la pensée et des sentiments qui montre le monde comme nous voulons qu’il soit. Chacun, au gré de ses songes, de ses ambitions, de ses désirs, voit dans le socialisme ce que les fondateurs de- la nouvelle foi n’ont jamais songé à y mettre. Le prêtre y découvre une extension univer-