Page:Le Bon - Psychologie du socialisme.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

PREFACE

de la première édition

Le socialisme synthétise un ensemble d’aspirations, de croyances et d’idées de réformes, qui passionne profondément les esprits. Les Gouvernements le redoutent, les législateurs le ménagent, les peuples voient en lui l’aurore de nouvelles destinées.

Cet ouvrage est consacré à son étude. On y trouvera l’application des principes exposés dans nos derniers livres "Les Lois psychologiques de l’Evolution des peuples " et la "Psychologie des Foules". Passant rapidement sur le détail des doctrines pour retenir seulement leur essence, nous examinerons les causes qui ont fait naître le socialisme et celles qui en retardent ou favorisent la propagation.

Nous montrerons le conflit entre les idées anciennes fixées par l’hérédité, sur lesquelles reposent encore les sociétés, et les idées nouvelles, filles des milieux nouveaux que l’évolution scientifique et industrielle moderne a créés. Sans contester la légitimité des tendances du plus grand nombre à améliorer leur sort, nous rechercherons si les institutions peuvent avoir une influence réelle sur cette amélioration, ou si nos destinées ne sont pas régies par des nécessités tout à fait indépendantes des institutions que nos volontés peuvent enfanter.

Le socialisme n’a pas manqué d’apologistes pour écrire son histoire, d’économistes pour discuter ses dogmes, d’apôtres pour propager sa foi. Les psychologues en ont jusqu’ici dédaigné l’étude, n’y voyant qu’un de ces sujets imprécis et fuyants, comme la théologie ou la politique, qui ne peuvent prêter qu’à des discussions passionnées et stériles, auxquelles les esprits scientifiques répugnent.

Il semble cependant qu’une psychologie attentive