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compte pas, les villes comme les particuliers contribuent pécuniairement à la création et aux frais d’entretien des admirables bibliothèques pour enfants et adultes, et rivalisent de largesse envers les institutions d’éducation et toutes les œuvres de relèvement, productrices d’énergie individuelle. Cette forme de solidarité nous apparaît également noble et grande et semble particulièrement propice au progrès social et économique du pays.

L’idéal d’éducation qui procède de ce grand sentiment national est simple et démocratique.

Les études scolaires générales, comme l’étude d’une profession manuelle, reposent sur une large instruction fondamentale.

Pour la même raison de principe, les divers degrés d’enseignement se greffent les uns sur les autres avec une simplicité qu’envient les systèmes européens. L’école maternelle, l’école primaire, l’école moyenne, les collèges, les instituts d’enseignement technique, les universités, les écoles normales, sont charpentés en un tout harmonique qui ne présente pas la moindre lacune ni surcharge.

L’école européenne témoigne de la plus grossière méconnaissance de la nature enfantine et humaine. Elle pratique le façonnage des cerveaux sans honte ni vergogne ; elle supprime l’originalité et fait passer, avec un zèle persistant, les personnalités naissantes sous les rouleaux du laminoir égalisateur. L’école américaine exalte l’individualité, lui laisse manifester ses qualités propres par son régime de travaux dans lesquels l’élève conserve sa liberté d’appréciation, son discernement propre, son action originale et sa responsabilité.

Tous ces travaux renforcent l’équation personnelle des individus et tendent à donner à la jeunesse « un capital précieux de méthodes et d’expériences ». Nulle part ne résonne la parole niveleuse et sermonneuse du professeur, exposant doctoralement les grises théories verbales et les dernières hypothèses de la science et de la technologie ; on n’y voit pas les élèves griffonner fiévreusement des notes, accumuler dans leurs cahiers et dans leurs cerveaux surmenés le savoir de seconde main, appris par ouï-dire et le réciter, sans y ajouter aucun élément de leur savoir personnel. Les écoles américaines portent ces sciences à l’intelligence des élèves par des méthodes de manipulations expérimentales qui forment les facultés et développent les aptitudes, tout en puisant aux sources de saines et de fortes connaissances.

En faisant de l’élève, non l’auditeur passif, mais l’acteur de la vie scolaire, l’école américaine l’incite à se renseigner, à se former par lui-même, à se complaire dans les recherches soutenues