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nexité directe avec la vie réelle ; les théories chimiques leur semblent ne pas être tirées des faits. L’impression invariable et tenace qu’on conserve de nos cours de chimie appelée expérimentale parce que le professeur fait de temps à autre quelque manipulation sous le regard des élèves — est que les théories et les lois seraient fondamentales et essentielles ; que les faits s’efforcent de se conformer aux théories ; que toute la science chimique est suspendue à ta théorie atomique et que, sans cette dernière, il ne peut y avoir ni découverte nouvelle, ni analyse possible. Le débutant croit avoir fait un progrès énorme s’il sait appeler l’eau , quoiqu’il n’ait aucune idée quant à l’origine et à la signification réelle des formules.

Les méthodes d’expériences personnelles des écoles américaines ne versent pas dans ces tendances erronées ; elles conduisent à des impressions plus conformes à la réalité : les manipulations systématiques font découvrir des faits nouveaux, elles font apparaître les relations qui existent entre les faits et conduisent à des lois et à des théories, qui facilitent l’investigation et la découverte de nouveaux faits. Aux yeux des élèves, ces théories restent subordonnées aux faits : cette vérité fondamentale les guide dans leurs travaux et est pour leurs études futures un gage de succès.

À nos méthodes passives, basées sur la mémoire des mots, les « high schools » et les écoles techniques américaines opposent triomphalement leurs méthodes actives et éducatives qui mettent en œuvre l’effort, la volonté, l’habileté manipulatoire, la logique.

Dans bien des écoles, une importance spéciale est attachée aux manipulations de chimie quantitative. Ces travaux constituent d’excellents exercices de mesure et de précision dans l’observation. Ils conduisent généralement à la vérification des lois que l’élève serait obligé d’accepter comme une vérité théorique. Nous relevons, parmi ces expériences quantitatives, des travaux sur la distillation, l’équivalent de l’hydrogène, l’ionisation, la loi des proportions multiples, la combinaison d’un métal avec de l’oxygène, etc. À propos de l’oxygène, on fait, en général, des expériences sur sa teneur dans l’air, dans le , le poids dans un litre d’air, la solubilité dans les liquides, etc.

Les expériences quantitatives sont vivement recommandées : les calculs ne sont pas poussés au delà de la limite d’approximation donnée par les pesées et les lectures.

En Amérique, le monde enseignant est d’accord pour dire que les leçons expérimentales données par le professeur et les « récitations » sont nécessaires pour dégager les idées générales des faits, mais qu’il est inutile d’essayer d’enseigner la chimie ailleurs que dans un laboratoire bien outillé et bien conduit.