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mains que la vivacité de pensée : la géographie est une manipulation ; la littérature scolaire est un travail de laboratoire, car elle s’associe intimement avec le dessin et le modelage ; la forme supérieure de l’action, les travaux manuels, universellement pratiqués dans les écoles, sont des exercices de résistance morale ; tout l’enseignement allie l’effort physique, musculaire, à l’assimilation des idées.

L’enseignement secondaire, qui établit le passage de la dépendance intellectuelle et morale de l’enfance aux convictions intellectuelles de l’adulte, procède de la même pensée et accentue le système de l’instruction par l’action. Les difficultés à résoudre sont plus complexes, le but à atteindre plus éloigné, les obstacles, plus élevés. Affranchir la pensée et le sentiment de toute tutelle, en réduisant graduellement le rôle du professeur au profit de la responsabilité du jeune homme ou de la jeune fille : tel est le but de l’éducation.

Faire agir les enfants comme s’ils étaient seuls au monde, en toute liberté ; exalter le plaisir dans l’effort, la joie dans la lutte contre les difficultés, la possession de soi-même — le self-control — telle est la tâche supérieure de l’école ; ni les faits, ni les théories ne sont enseignés, ne sont communiqués verbalement aux élèves. Les Américains, professeurs et élèves, ont une vraie répugnance pour les théories toutes faites, pour les définitions et les abstractions, sans sanction pratique.

Dans les écoles, il n’existe plus de trace des méthodes qui cherchent l’effet utile dans la doctrine communiquée par la parole et non traduite en actes par les élèves. Les professeurs considèrent que l’enseignement en général, et spécialement l’enseignement scientifique, ne saurait être fécond si les élèves ne sont pas exercés à trouver eux-mêmes des vérités, à résoudre des questions scientifiques.

L’enseignement des sciences pures ou appliquées est pénétré des principes de la méthode de la « redécouverte » (rediscovery), pratiquée dans les laboratoires et dans les ateliers. Les leçons de classes, d’importance très réduite, préparent, accompagnent ou confirment les études pratiques de laboratoire et d’atelier qui sont les centres d’intérêt des institutions. Les notes de laboratoire et d’atelier, dans lesquelles sont enregistrés les faits et les phénomènes que les élèves ont observés et qui décrivent les constructions réalisées, constituent la pierre de touche de la valeur des études. Aucun cas n’est fait des copies des cours oraux, qui jouent un si grand rôle dans les écoles européennes. L’élève doit arracher aux appareils et au matériel d’expérimentation le secret des phénomènes et des lois qui les régissent. Dans les travaux manuels, la puissance de direction (directive