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sortie l’enquête qui a si profondément ébranlé l’Université a eu pour unique point de départ la campagne vigoureuse d’un homme d’action énergique, l’explorateur Bonvalot. S’il n’a pas su montrer nettement la voie à suivre, pas plus d’ailleurs que les auteurs des six volumes de l’enquête, il a au moins fait voir combien était funeste celle que nous suivions. Nouveau Pierre l’Ermite, il a secoué l’indifférence du public, et les noms les plus éminents de l’Université se sont bientôt rangés modestement derrière lui, prêts à démolir l’idole dont ils avaient été jadis les plus ardents défenseurs.

Le jour où l’opinion, suffisamment instruite, comprendra le mal que nous a fait notre Université, et le comparera à tout le bien que réalisent dans d’autres pays des institutions semblables, ce jour-là notre antique système d’éducation s’écroulera d’un seul coup, comme ces monuments trop vieux qui gardent une apparence de solidité tant qu’on ne les touche pas. Alors seulement nous pourrons essayer d’obtenir ce que d’autres peuples ont réalisé avec leurs professeurs.

Une éducation appropriée permettrait aux Latins de remonter cette pente rapide de la décadence dont ils semblent menacés. Ce que les Allemands ont su accomplir, nous devrons le tenter. Ils avaient médité longuement le mot profond de Leibniz : « Donnez-moi l’éducation, et je changerai la face de l’Europe avant un siècle. »