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moins connaître à fond l’essence des choses à réformer. En persistant à l’ignorer, on ne réalisera que des changements de mots. On troublera inutilement les esprits, et notre enseignement en sera rendu plus médiocre encore qu’il ne l’est aujourd’hui.

C’est parce que les auteurs de l’enquête ne semblent pas avoir nettement compris les problèmes fondamentaux de l’enseignement, qu’il nous a semblé utile de les préciser.

Cette colossale enquête n’aura pas été inutile. Par elle beaucoup de faits auront été connus, que l’on pouvait soupçonner, mais non prouver. Elle a montré surtout l’état des esprits, et révélé que le mal auquel on cherche à remédier est bien plus profond que ne le faisaient supposer les apparences.

On sait que la conclusion de l’enquête a été un projet de réforme de l’enseignement, présenté à la Chambre des Députés et adopté après une courte discussion. Dans cette discussion, le Ministre de l’Instruction publique a dit de fort bonnes choses pour en défendre de bien médiocres. Il a certainement trop d’esprit philosophique pour ne pas avoir eu conscience de la faible valeur des réformes proposées par la Commission. Quelques étiquettes seules ont été changées. Un député, M. Massé, a dit de ce projet qu’il « fait l’effet d’une de ces façades brillantes édifiées à grands frais dans le goût du jour, et qui sont uniquement destinées à faire illusion sur les commodités d’un immeuble dans lequel rien ou presque rien n’a été modifié ».

Toutes ces réformes de programmes, répétées tant de fois, sont d’ailleurs absolument dépourvues d’in-