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les manipulations, les équations ne sont pas davantage épargnées. Pour l’opération si élémentaire du calibrage d’un tube, l’auteur a trouvé le moyen de remplir trois pages serrées d’équations. Ce professeur est assurément tout à fait certain que pas un élève sur mille ne comprendra quelque chose à ses formules, mais qu’est-ce que cela peut bien lui faire ?

Avec les nouveaux programmes, les livres pour l’enseignement n’ont fait que se compliquer encore et ils arrivent à être totalement illisibles. En un remarquable article, paru dans le journal l’Enseignement secondaire du 15 juin 1904, M. Brucker, professeur au lycée de Versailles, a montré tout le « verbalisme stérile » dont sont entachés les livres consacrés à l’enseignement des sciences naturelles, et en cite d’attristants exemples. En voici un pris au hasard :

L’auteur d’un autre Précis va plus loin encore. La complication de son langage dépasse ce que l’on avait imaginé avant lui il appelle les mousses des bryophytes, les fougères des ptéridophytes ou exoprothallées isodiodées, leurs spores des diodes, et ainsi du reste.

Si nos professeurs donnent un si déplorable enseignement, c’est que, formés par l’Université, ils enseignent, je le répète, ce qu’on leur a enseigné et de la façon dont on le leur a enseigné. Tant que les professeurs des Facultés se recruteront comme aujourd’hui, rien ne pourra être modifié dans notre enseignement universitaire.

C’est en grande partie parce que le système de recrutement des professeurs, en Allemagne, diffère fort du nôtre, que l’enseignement à tous les degrés y est si supérieur. Nos voisins ont trouvé le secret