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gascar de soldats transformés en colons comme les anciens légionnaires romains. Dans tous les pays du monde où l’on a eu occasion d’utiliser des soldats, on a été frappé des résultats qu’il est possible d’en tirer.

Pour ne citer qu’un fait, écrit M. Léon Chomé, dans la Belgique militaire, les chemins de fer qu’on a réussi à établir jusqu’ici en Afrique intertropicale anglaise, française, allemande, portugaise et surtout congolaise sont dus à des hommes appartenant à l’armée. Toutes les grandes missions scientifiques ont été confiées à des soldats. C’est donc sans doute que cette éducation militaire tant honnie des « intellectuels » a encore quelque vertu efficiente, et pour notre part nous le déclarons très nettement, cette éducation est restée la première de toutes, et elle le montre toutes les fois que l’occasion lui en est fournie ; aussi bien dans les milieux éclairés que dans le milieu humble des travailleurs, où l’ancien bon soldat prime toujours. {{interligne}

§ 3. LE RÔLE ÉDUCATEUR DES OFFICIERS.

L’action tout à fait prépondérante que pourrait produire le service militaire universel a été signalée depuis longtemps par divers écrivains. Voici comment s’exprimait à ce sujet, il y a déjà plusieurs années, M. Melchior de Vogüé :

Le service militaire universel jouera un rôle décisif dans notre reconstitution sociale. Le legs de la défaite, le lourd présent de l’ennemi, peut être l’instrument de notre rédemption. Nous ne sentons aujourd’hui que ses charges ; j’en attends des bénéfices incalculables : fusion des dissidences politiques, restauration de l’esprit de sacrifice dans les classes aisées, de l’esprit de discipline dans les classes populaires, bref de toutes les vertus qui repoussent à l’ombre du drapeau…

Malheureusement, les résultats obtenus n’ont répondu en aucune façon à ces espérances. Les écrivains militaires les plus autorisés commencent à le reconnaître. Il faut attribuer principalement les causes d’un tel échec à ce que les officiers ne sont nulle-