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Bonnal et Galliéni, ont démontré expérimentalement de quel développement physique et moral est susceptible le soldat bien commandé.

Si l’on voulait compléter fort utilement la loi sur le service obligatoire de trois ans, obtenir un corps, de sous-officiers excellent et réduire un peu le nombre écrasant des candidats fonctionnaires, il y aurait seulement à promulguer que, en dehors de quelques professions techniques — magistrats et ingénieurs, par exemple — nul ne pourra entrer dans une administration de l’État avant d’avoir été sous-officier pendant cinq ans. Après un an de surnumérariat, un bon sous-officier est parfaitement apte à remplir tous les emplois publics n’exigeant de lui que l’application des règlements, c’est-à-dire la très immense majorité de ces emplois.

Il faut bien reconnaître malheureusement que le service militaire a produit uniquement jusqu’ici chez les intellectuels une antipathie croissante pour l’armée, dont ils ne voient que les côtés gênants. L’expansion de tels sentiments parmi la masse populaire, qui fut seule pendant longtemps à subir les duretés nécessaires du régime militaire, marquerait la fin irrémédiable de la France comme nation. Ce sont les sentiments subsistant encore dans la foule, non intellectualisée, qui rendent possible le maintien de l’armée, dernier soutien d’une société en proie aux plus profondes divisions et prête à se dissocier suivant le rêve des socialistes.

La raison qu’on invoquait autrefois pour dispenser toute une classe de la nation du service militaire, c’est qu’il constituait une entrave aux études, mais personne n’a jamais pu fournir une seule