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la main, comme l’a fait jusqu’ici l’Université. On ne m’a appris qu’à être passif. Un citoyen, dites-vous ? Je serais peut)être un citoyen, si j’étais un homme.

Que l’on considère la valeur et le sort de l’individu ou la dignité et la destinée de la nation, écrivait récemment un autre Ministre de l’Instruction publique, M. Léon Bourgeois, le caractère pèse d’un bien autre poids que l’esprit. Qu’importe ce que sait un homme en comparaison de ce qu’il veut, et qu’importe ce qu’il pense au prix de ce qu’il fait[1].

Ce qui manque le plus aux Latins, ce sont les qualités qui font la force des Anglais : la discipline, la solidarité, l’endurance, l’énergie, l’initiative et le sentiment du devoir.

Ces qualités, non seulement l’Université ne les donne pas, mais son pesant régime les ôte à qui les possède.

Existe-t-il un moyen de faire des hommes de cette armée de bacheliers et de licenciés impuissants, ridicules et nuls que l’Université nous fabrique ?

Étant donné que le régime universitaire n’est pas modifiable avec les idées latines actuelles et que tous les projets de réforme sont d’irréalisables chimères, il faut chercher ailleurs, mais ne chercher que dans le cycle des choses possibles, c’est-à-dire dans le cycle des choses ne heurtant pas trop le courant des opinions actuelles.

Or, ce moyen existe et il n’en existe qu’un seul. Aujourd’hui, la totalité de nos bacheliers et licenciés est obligée de faire un service militaire. L’armée pourrait les transformer, car elle est, ou au moins devrait être un centre éducateur par excellence. Elle peut devenir l’agent efficace du perfectionnement et du relèvement de la race française dégradée par l’Université. D’éminents officiers, tels que les généraux

  1. Léon Bourgeois. Instructions, etc., p.183