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CHAPITRE IX

L’éducation par l’armée.


§ 1. — RÔLE POSSIBLE DU SERVICE MILITAIRE DANS L’ÉDUCATION.

Nous avons montré que, si l’instruction universitaire est très faible, son éducation est tout à fait nulle. Or, dans l’évolution actuelle des civilisations, ce qu’il importe le plus de développer, ce sont surtout les qualités du caractère.

Sur la nullité de l’éducation donnée par l’Université, tout le monde, nous l’avons vu, est d’accord et l’on peut répéter aujourd’hui ce qu’écrivait, il y a déjà longtemps un ancien ministre de l’Instruction publique, Jules Simon.

Il n’y a plus d’éducation ; on fait un bachelier, un licencié, un docteur, mais un homme, il n’en est pas question ; au contraire on passe quinze années à détruire sa virilité. On rend à la société un petit mandarin ridicule qui n’a pas de muscles, qui ne sait pas sauter une barrière, qui a peur de tout, qui, en revanche, s’est bourré de toutes sortes de connaissances inutiles, qui ne sait pas les choses les plus nécessaires, qui ne peut donner un conseil à personne, ni s’en donner à lui-même, qui a besoin d’être dirigé en toutes choses et qui, sentant sa faiblesse et ayant perdu ses lisières, se jette pour dernière ressource au socialisme d’État. — Il faut que l’État me prenne par