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son office naturel. Regardez donc comme les vraies études primaires, celles qui apprennent l’enfant à connaître ce qu’il voit et à voir ce qui autrement lui échapperait.

Faut-il des procédés bien savants pour créer les réflexes inconscients qui donneront à l’élève l’habitude d’observer exactement et de décrire avec précision ce qu’il a observé ? En aucune façon. La méthode d’enseignement est très simple, bien que peu connue.

On arrive au résultat cherché par divers moyens et notamment en utilisant les promenades où chaque objet peut fournir matière à des observations précises. Nous habituerons d’abord l’élève à ne regarder qu’un détail déterminé d’un ensemble, fût-ce simplement les fenêtres des maisons ou la forme des voitures rencontrées, et à le décrire ensuite avec netteté, ce qui exige de sa part beaucoup d’attention. Au bout de quelque temps, il percevra les moindres différences existant entre des parties de choses presque semblables. On passera alors à un autre détail des mêmes objets. Après quelques semaines, l’élève aura appris à voir d’un coup d’œil, c’est-à-dire inconsciemment, les différences séparant des groupes de formes auprès desquels il eût passé jadis sans les discerner. Si alors, au lieu de ces compositions ridicules de style où l’écolier doit décrire des tempêtes qu’il n’a pas vues, des combats de héros qu’il ne connaît que par les livres, on lui fait résumer ce qui l’aura frappé dans une simple promenade, on sera tout surpris des habitudes d’observation, de précision, et, plus tard, de réflexion, ainsi acquises. Je n’ai pas employé d’autre méthode pour apprendre, en Asie, dans des régions non explorées, couvertes de monuments en