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peu à son instruction, et beaucoup à son caractère, c’est-à-dire à son initiative, à son esprit d’observation, à son jugement et à sa volonté. Avec de telles qualités, peu importe que l’individu ait un bagage scientifique faible. Il apprendra, quand cela lui sera nécessaire, tout ce qu’il aura besoin d’apprendre, et réussira le plus souvent à devenir quelqu’un, s’il n’est pas toujours certain de devenir quelque chose. L’homme pourvu seulement de diplômes mnémoniques, n’est bon à rien si l’État ne l’utilise pas dans des carrières où, la besogne lui étant toute tracée, le dispense de la plus légère trace d’initiative, de réflexion, de décision, de volonté. Toute sa vie il restera un mineur qu’on devra diriger.

Le vrai but de l’éducation est, je le répète, de développer certaines qualités du caractère, telles que l’attention, la réflexion, le jugement, l’initiative, la discipline, l’esprit de solidarité, la persévérance, la volonté, etc. On ne les développe naturellement qu’en les exerçant. Il faut exercer surtout celles dont l’élève est le plus dépourvu. Ces qualités varient suivant les races, voilà pourquoi l’éducation adaptée aux besoins d’un peuple ne saurait convenir à un autre. Un Italien, un Russe, un Anglais et un nègre ne peuvent pas être éduqués de la même façon.

L’éducation doit fortifier le caractère d’une race et corriger ses défauts. Or, loin de tendre à améliorer nos défauts nationaux, notre régime universitaire ne fait que les développer.

Les Latins possèdent très peu d’esprit de solidarité[1], fort peu de sympathie les uns pour les autres,

  1. Que l’on compare, par exemple, la tenue des journaux anglais après les humiliantes défaites infligées par une poignée de paysans aux armées anglaises