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ment à l’étranger, serait d’une utilité immense. Elle seule pourrait montrer les résultats des diverses méthodes pédagogiques. Des procédés de chaque établissement, il y aurait à apprendre quelque chose. Comme indication à ce sujet, voici un extrait concernant quelques-unes des méthodes d’éducation utilisées à la célèbre école allemande de Kœnigsfeld, que je trouve dans le Temps du 25 septembre 1901, sous la signature de M. Masson-Forestier.

Leur système pédagogique consiste à réduire au minimum – deux heures par jour — l’effort de contention personnelle que réclame le travail des devoirs. Six autres heures sont consacrées à des cours où l’élève apprend par les oreilles comme par les yeux. Jamais aucun d’eux ne se prolonge au delà de trois quarts d’heure. Beaucoup de récréations et aussi beaucoup de repas.

Le jeune homme suit dans chaque classe ; les cours de sa force, c’est-à-dire que si un élève de seconde est en retard pour les mathématiques, il suivra, pour cette partie, les cours de troisième, voire de quatrième. Aucun professeur n’a jamais plus de 12 à 13 élèves. L’enfant qui n’a pas bien saisi une explication peut, aussitôt après la classe, venir demander à s’entretenir à part avec son professeur.

La punition la plus usitée est la stillstrasfe ou silence. Ce silence subsiste pendant toutes les récréations d’une journée. Il paraît que c’est fort pénible. La stillstrafe est pourtant infligée fréquemment, les Moraves la considérant, en outre, comme un excellent régime. Un jeune homme qui l’a subie assez souvent prend peu à peu l’habitude de ne parler que rarement. De la sorte, les élèves les plus punis ne seront ni dissipés, ni brouillons, ni vantards. Sachant se dominer ils écouteront beaucoup, pèseront leurs mots, méditeront leurs actions. Ils ne blesseront pas leurs semblables par des railleries, seront de caractère plus accommodant et dès lors auront moins d’ennemis dans la vie.

Je prie un des jeunes Français de l’école de m’accompagner dans une promenade. Alors je le presse de questions. Comment peut-il supporter une discipline si dure ? N’a-t-il pas hâte de rentrer dans sa famille ? — Monsieur, me répond ce garçon, un petit Bordelais intelligent, je me sens si peu malheureux qu’au mois d’août, au lieu de me rendre dans ma famille, j’ai demandé