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devient évident que dans un avenir assez prochain ce seront surtout les industriels, les artisans, les colons, les agriculteurs, les commerçants qui posséderont cette aisance. Avec le développement des besoins actuels et l’invariabilité de leurs salaires, depuis longtemps fixés par l’État, les ressources des classes lettrées : magistrats, fonctionnaires, professeurs, etc., deviennent absolument insuffisantes, alors que l’aisance des autres classes grandit chaque jour.

Les classes jadis dirigeantes devenant chaque jour plus besoigneuses, et jouant par conséquent un rôle de plus en plus effacé, finiront peut-être par comprendre qu’elles doivent orienter autrement l’éducation de leurs fils.

La dernière supériorité des classes jadis dirigeantes réside aujourd’hui dans le port habituel d’un vêtement élégant. Mais il devient si râpé, que bientôt tout son prestige disparaîtra. Quand ce prestige sera totalement évanoui, comme il l’est depuis longtemps en Amérique et en Angleterre, une révolution profonde s’accomplira dans l’âme des peuples latins. Elle sera terminée le jour où on admettra comme exactes les définitions suivantes des diverses catégories sociales données par un des déposants de l’enquête.

Le bon industriel, le bon agriculteur, le bon commerçant, le bon fonctionnaire, le bon officier, ce sont termes qui se valent. D’une manière générale, ce sont des hommes qui remplissent dans les cadres d’une démocratie des professions diverses, mais une même fonction sociale. La différence des carrières ne supprime pas l’égalité des mérites.

En définitive, ils sont tous de la classe dirigeante future ; cette classe ne peut pas se composer d’esprits façonnés sur le même patron, répondant au même signalement ; elle doit se composer des meilleurs dans toutes les spécialités. Qu’ils diffèrent par la