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doute, plus on charge les programmes plus les bacheliers sont médiocres, et en vérité il est surprenant qu’une chose si simple semble incompréhensible aux universitaires. Vous grossissez sans cesse l’encyclopédie que les malheureux candidats doivent enfermer dans leur tête. Ils ne peuvent donc en retenir que de vagues lambeaux. Êtes-vous bien certains qu’en dehors de votre spécialité, votre ignorance ne soit pas aussi complète — peut-être même beaucoup plus — que celle des candidats ?

Ce qui fera longtemps encore la force du baccalauréat c’est, comme l’étude du latin dont nous parlions tout à l’heure, son prestige aux yeux des familles. Elles l’estiment comme une sorte de titre nobiliaire destiné à séparer leurs fils de la multitude. Le Président de la Commission, M. Ribot, l’a marqué dans les termes suivants :

Le baccalauréat ainsi compris est un des contreforts du décret de messidor sur les préséances. Il n’est plus une garantie de bonnes études, il est devenu une sorte d’institution sociale, un procédé artificiel qui tend à diviser la nation en deux castes, dont l’une peut prétendre à toutes les fonctions publiques et dont l’autre est formée des agriculteurs, des industriels, des commerçants, de tous ceux qui vivent de leur travail et en font vivre le pays[1].

  1. Ribot. Rapport général, t. VI, p. 44.