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En admettant même que les ouvrages latins contiennent un trésor d’idées générales, il semble évident que pour le découvrir on devrait au moins les lire. Un document officiel va nous dire ce que les élèves ont lu de livres classiques, après sept ans d’études. « Si toutes les pages de grec, de latin, de français, qui ont été lues et expliquées, dans un cours d’études, étaient rassemblées, on n’en ferait pas toujours un volume de l’épaisseur du doigt. » (Instructions du Ministère de l’Instruction publique de 1890, p. 23.)

Je n’ai guère parlé que du latin dans les pages qui précèdent. Il serait sans intérêt de s’appesantir sur la question du grec, qui a été à peu près entièrement abandonné devant la Commission. On a reconnu que les notions qu’en possèdent les élèves sont presque totalement nulles et ne dépassent guère la connaissance de l’alphabet et la conjugaison de quelques verbes.

Les professeurs ne paraissent pas, eux-mêmes, bien ferrés sur la langue qu’ils enseignent. M. Brunot, maître de conférences à la Sorbonne, a donné d’intéressants documents sur ce point.

Je puis vous dire qu’à l’agrégation, où nous avons institué, depuis plusieurs années, des épreuves improvisées, il est impossible de proposer à nos futurs agrégés autre chose que certains textes très faciles. Cette année même, nous avons discuté la question de mettre à l’agrégation, comme texte improvisé, de l’Homère. Eh bien, ce n’est pas possible[1].

Dans ces conditions, l’enseignement du grec ne devrait donc pas être conservé, à mon avis, comme obligatoire même dans l’enseignement classique ancien, si ce n’est pour les jeunes gens ou les familles qui désirent avoir cette culture spéciale et qui ont un goût suffisant pour s’y adonner de bonne volonté[2].

  1. Enquête. t. I, p. 367. Brunot, maître de conférences à la Sorbonne.
  2. Enquête, t. I, p. 24. Berthelot, ancien ministre de l’Instruction publique.