devient de plus en plus un concours entre candidats aussi savants et aussi spécialisés que possible. « Spécialisés », c’est ce dernier mot qui contient la condamnation du système[1].
La valeur pédagogique des professeurs est nettement indiquée dans les dépositions dont j’extrais les passages suivants :
Il y a énormément de professeurs qui ne savent plus professer. Ils savent tout, sauf leur métier, la partie pratique de leur métier. Ce n’est pas tout que de gaver les jeunes gens d’un stock de questions sans leur faire comprendre le pourquoi des choses. Il faut les faire raisonner. Ce n’est pas la mémoire seulement qu’il faut exercer, mais le jugement. Aujourd’hui, c’est par le jugement que les élèves pèchent[2].
Et c’est là peut-être un des plus dangereux résultats de notre éducation. Les produits de l’Université, élèves et professeurs, pèchent surtout par leur défaut de jugement et leur incapacité à raisonner correctement. Or le but fondamental de l’instruction devrait être précisément de développer le jugement et le raisonnement.
La très grande insuffisance pédagogique de nos professeurs est certainement une des causes principales des pauvres résultats de notre éducation classique.
Je crois que la préparation pédagogique des professeurs laisse à désirer. Il y a même chez la plupart d’entre eux une sorte de préjugé contre la pédagogie, préjugé dont ils sont les premiers victimes, puisque beaucoup des plus brillants échouent dans leur classe, faute d’avoir réfléchi sur les procédés à employer pour communiquer leur savoir à autrui. Mais ce n’est pas seulement sur ce point que la préparation des professeurs est insuffisante : elle l’est aussi au point de vue historique et philosophique. Une des raisons de la crise incontestable chez la jeunesse actuelle, qui manque évidemment de direction, c’est que les