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Chacun va de son côté, et il est fort heureux que, malgré ce défaut, les lycées ne marchent pas plus mal[1].

En fait, proviseurs et professeurs se détestent cordialement et ne sont pas moins détestés par leurs élèves. Il n’est pas admissible que, dans de semblables conditions, un établissement puisse prospérer.

On ne saurait s’en prendre aux proviseurs du fonctionnement si défectueux des établissements qu’ils dirigent. Enserrés comme ils le sont, ils ne peuvent mieux faire. Dès qu’on leur donne l’indépendance et la responsabilité, ils se transforment. M. Dupuy l’a très bien marqué dans le passage suivant de son rapport :

Les collèges qui sont au compte du principal sont plus florissants que les autres ; là où le principal est plus directement intéressé au succès du collège, le succès se manifeste assez vite. Je prendrai pour exemple certains collèges de l’Académie de Lille : ils étaient languissants, on les a mis au compte du principal, et aujourd’hui, ils sont florissants, et ce changement s’est produit assez vite. Je crois que cela tient précisément, non seulement à ce que le principal a un intérêt plus direct, mais à ce qu’il est plus libre de ses actions, à ce qu’il peut modifier un peu le régime à son gré, à ce qu’il peut faire aux familles certaines concessions qu’un principal ordinaire ne peut pas faire[2].

Un malheureux proviseur est aujourd’hui enfermé dans un lacis de règlements, une surveillance méticuleuse et soupçonneuse qui le paralysent entièrement et en font le plus tyrannisé et le moins indépendant des fonctionnaires. Voici comment le Président de la Commission, M. Ribot, a résumé les vœux formulés à ce sujet.

Moins d’uniformité, moins de bureaucratie, un peu de liberté : c’est le vœu général qui se dégage de l’enquête. Les lycées

  1. Enquête, t. II, p. 223. Gautier, professeur au lycée Henri IV.
  2. Enquête, t. I, p. 241. E. Dupuy, inspecteur général de l’Université.