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Hélas si, on arrive à quelque chose ! On forme pour l’avenir ces tristes générations d’êtres impuissants, oscillant sans cesse entre la révolution et la servitude.

Quant aux conséquences immédiates d’un tel régime, M. Lavisse les a nettement indiquées.

Nous nous exposons à cette conséquence si périlleuse : des jeunes gens surveillés à outrance, dont tous les mouvements ont été épiés, sont, du jour au lendemain, leurs études terminées, jetés dans les rues des villes et exposés à tous les abus d’une liberté dont ils n’ont pas fait l’expérience[1].

§ 2. LA DIRECTION DES LYCÉES. LES PROVISEURS.

La valeur d’un établissement industriel et commercial dépend étroitement de la personnalité qui le dirige. C’est là une banalité ne nécessitant, je pense, aucune démonstration. Nous devons donc admettre que la valeur d’un lycée dépendra de l’homme qui est à sa tête.

Il en est réellement ainsi dans l’enseignement congréganiste. Il ne saurait en être de même dans les établissements de l’État et voici pourquoi :

Chaque lycée est théoriquement administré par un proviseur. En pratique, ce directeur n’est guère qu’un modeste comptable guidé dans ses moindres actes par les ordres que lui envoient les commis des bureaux du ministre. Sans autorité, sans pouvoir, suspecté par ses supérieurs, dédaigné par les professeurs, peu redouté par les élèves, son rôle est celui d’un humble bureaucrate et non celui d’un directeur.

C’est un fonctionnaire, et, dans les grands établissements, un fonctionnaire débordé de besogne administrative. La centralisa-

  1. Enquête, t. I p. 38. Lavisse, professeur à la Sorbonne.