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des Turcs que quand on leur fait sentir qu’on est le plus fort, la force étant le seul argument qui compte avec eux. Or, à Lausanne, on leur a laissé prendre figure de vainqueurs. Résultat : ils sont intransigeants et se figurent que le monde tremble devant eux.

« Les gens d’Angora revendiquent ouvertement Alexandrette, Antioche et Alep, quoique ces régions aient été reconnues comme appartenant à la Syrie par le dernier accord franco-turc et qu’elles soient peuplées d’Arabes. Bien que les Turcs y soient en minorité ils essaient de les reprendre. On doit s’attendre à voir se reproduire les mêmes événements qu’en Cilicie : pas de guerre officiellement déclarée, mais des bandes de plus en plus actives, composées soi-disant d’habitants insurgés contre la domination française, en réalité de réguliers turcs déguisés et commandés par des officiers turcs ou allemands. Ces bandes attaqueront les petits postes, les convois, couperont routes et chemins de fer ; elles seront de plus en plus nombreuses, auront même des canons, et nous obligeront à une guerre de guérillas pénible et difficile, où les Turcs espèrent atteindre le résultat qu’ils ont annoncé : dégoûter les Syriens des Français et les Français de la Syrie. »


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Pour un philosophe, cette nouvelle attitude des musulmans est pleine d’enseignements. Elle montre, une fois de plus, à quel point les forces mystiques qui ont toujours régi le monde continuent à le régir encore.

L’Europe civilisée, qui croyait en avoir fui avec les