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Chapitre III. L’enseignement de la morale à l’école


Les lecteurs de cet ouvrage ne sont pas très familiarisés, peut-être, avec l’histoire de l’empereur Akbar. Ce fut pourtant le plus puissant souverain de son époque. Pendant un règne de cinquante ans, il créa dans l’Inde des villes merveilleuses et des palais de rêves.

Akbar n’était pas seulement grand bâtisseur, il fut aussi un judicieux philosophe. Les religions lui apparaissant comme des incarnations diverses des mystères qui nous entourent, il projeta de les fondre en une seule et réunit dans ce but plusieurs théologiens.

La tentative ne fut pas heureuse. Les membres de la docte assemblée n’échangèrent que des invectives et de vigoureux horions.

Soupçonnant dès lors, et bien avant les philosophes modernes, que les croyances sont indépendantes de la raison, Akbar abandonna son projet et se contenta de faire régner une tolérance absolue dans son immense empire. Ses sujets furent libres d’adorer les dieux qu’ils préféraient ou de n’en pas adorer du tout. Les biens religieux furent respectés. Les pères de famille eurent le droit de faire éduquer leurs