Page:Le Ballet au XIXe siècle, 1921.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

le premier article par nous cité de prétexte à une nouvelle apothéose. Le sourire rustique de Lise, la bonne fille en jupon court, filant le lin ou battant le beurre, n’est que le masque de la divinité ; c’est la blanche nymphe Terpsichore qui se cache sous ce travestissement trop évident ; et ces bras sous la toile grossière, mais ce sont ceux qui manquent à la Vénus de Milo.

Tel ce dernier jugement de l’homme de quarante ans sur la danseuse sa contemporaine, jugement qui remplit le récit de ce ballet « agréablement inepte » d’un arôme d’ambroisie, l’enveloppe d’un rayonnement surnaturel. Pour Fanny Gautier transforme une dernière fois en mythe la chronique théâtrale.

Carlotta Grisi, qui devait être pour Gautier l’objet d’une amitié amoureuse, d’une longue et adorable torture pareille au culte du Russe Tourgénev pour la cantatrice Viardot, qui devait en plus décider de sa vocation de poète dramatique, Carlotta Grisi est une première fois mentionnée à propos de ses débuts à la Renaissance dans le Zingaro, début qui lui ouvrit les portes de l’Opéra. C’est du reste « Perrot l’Aérien », son mari, « la Taglioni mâle », qui emporte les suffrages ; Carlotta n’est encore appréciée qu’en second lieu.

« Madame Carlotta Grisi seconde admirablement Perrot ; elle sait danser, ce qui est rare ; elle a du feu, mais pas assez d’originalité ; elle manque de cachet à elle ; c’est bien, mais ce n’est pas mieux… Quant à sa figure, elle n’est pas fort italienne, et répond peu aux idées brunes qu’éveille le nom de Grisi dont elle est parente. Elle a des cheveux châ-