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Wagner et le Ballet Un soir, à la Scala de Milan, Wagner assistait à la représentation d’un ballet-pantomime, dont la vie d’Antoine et de Cléopâtre faisait le sujet. Le point culminant du spectacle était marqué par la mise au tom- beau de la Reme : prétexte aux évolutions les plus diverses du corps de ballet dans toute sa gloire. Le public italien manifestait son enthousiasme avec une chaleur dont Wagner fut choqué. Il ne manqua point d’en con- clure à la « grande démoralisation » du public. A son sens, c’était l’attente de ce ballet et des costumes, en fin de spectacle, qui pouvait seule per- mettre à ces pauvres auditeurs de supporter auparavant trois heures de mauvais opéra (1). Cette méchante humeur n’est point un accès passager. Wagner déteste le ballet classique. Les danseuses, les danseurs, les étoiles n’existent pas pour lui ; il affecte de les ignorer. Pas une fois, dans toute son œuvre littéraire, il ne cite même le nom des virtuoses de la danse les plus fameux. Seul le nom de Fanny Elssler apparaît dans Ma Vie (2), mais par accident et comme un jalon dans la mémoire : c’est le souvenir d’une lourde bâtisse (1) Ma Vie (3 partie, p. 183). — Tou’es les références se rapportent à l’Edition populaire des Écrits complets de Richard Wagner en 8 volumes doubles, chez Breitkopf et Haertcl. (2) 3’ partie, p. 167.