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TÊTES ET FIGURES

la concupiscence et de la convoitise. Un monde, où tous les sentiments les plus nobles sont travestis ; où l’amour n’est que mensonge, hypocrisie, et n’existe plus que comme inscription au Décalogue ; où le talent, la vertu, le génie sont supplantés à tous les degrés par l’ignorance et la fatuité dorées, et relégués dans l’obscurité, quand ils ne sont pas exploités sans vergogne ni mesure ; où l’or est le grand dieu ; où la foi religieuse est tournée en ridicule, quand elle n’est pas ouvertement ou hypocritement persécutée, et où l’athéisme a ses coudées franches ; monde pharisaïque, divisé en peuples conspirant les uns contre les autres, sous prétexte de morale et de civilisation, et se disputant, qui un lambeau de pays, qui un roc quelconque, qui quelques grains d’or, une bribe d’influence, des honneurs aussi creux que puérils, qui le gouvernement d’un pays ; monde de perversion, d’anarchie, où le serviteur s’insurge contre le maître, où le vol, l’usure, la rapine, sous de multiples formes, sont prises, sinon comme des actes de vertu, des exploits glorieux, du moins comme des brevets d’intelligence et d’habileté, des facultés maîtresses, et trouvent dans des feuilles publiques la plus coupable des complaisances.

— Force m’est bien d’en convenir, fis-je en m’inclinant ; mais, puisqu’il en est ainsi,