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TÊTES ET FIGURES

Vendredi-Saint

VISION

Le firmament était d’un gris lourd ; la neige, une neige humide, pleureuse, tombait en flocons épais et désordonnés, et la bise, par rafales, fouettait les vitres. La nature même semblait vouloir s’associer au grand deuil de l’humanité.

Le temps morose, des tristesses récentes, le lugubre étalage quotidien des injustices et des convoitises humaines, me plongeaient plus que d’ordinaire dans une mélancolie noire et profonde.

Je me sentais l’âme lourdement encrêpée. À demi couché sur une sorte de divan dans ma chambrette, après le repas de midi, mon imagination se balançait de souvenirs en souvenirs plus ou moins sombres.

Ce fut au point que je finis par clore les paupières et tomber dans un assoupissement léthargique.