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TÊTES ET FIGURES

enfants, s’arrêtaient en passant pour jeter un regard sur les traits pâles et émaciés de l’enfant, et disaient en glissant dans la main de Lise les quelques pennies qui pouvaient leur rester :

— Pauvre petit ! Il est bien malade, n’est-ce pas ?

Sur ce, Lise, toute tremblante d’émotion, s’écriait vivement :

— Ah ! non ! Non ! Il est toujours pâle comme ça ; il est un petit peu faible ; mais c’est tout.

Et les compatissantes questionneuses, émues elles-mêmes en voyant l’expression de douloureuse anxiété de ses deux yeux noirs, s’éloignaient en silence, sans insister davantage.

Noël, l’anniversaire de la naissance de l’Enfant-Dieu, fête dont la grandiose signification échappait complètement à Lise, Noël parut. Noël pour Lise n’était rien autre chose qu’une sorte de fête publique, grande, mais bien morne, alors que tout Londres allait aux églises et se gorgeait de rosbif et de plumpudding. Pourquoi ? Voilà ce qu’elle ne pouvait s’expliquer. Cependant, cette veille de Noël, malgré l’état de tristesse et d’aigreur de son âme, elle se sentait plus alerte, elle était même presque gaie. En effet, en se privant un peu plus que d’habitude, n’avait-elle pas réussi à acheter un superbe