pauvre petite créature, de cette innocente fragilité, son cœur avait fini par s’attendrir et elle s’était prise à l’aimer d’une affection étrange, intense, au point qu’elle eut fait volontiers le sacrifice de sa vie pour le petit être. Elle savait que ses père et mère n’en avaient nul souci, excepté au point de vue de la recette qu’il leur procurait.
Souventes fois, des projets chimériques trottaient dans sa pauvre tête fatiguée, des plans de fuite de la cité fiévreuse, dévorante, vers quelque hameau modeste et solitaire, où elle aurait trouvé de l’ouvrage et se serait dévouée au bonheur de l’enfant.
Pauvre Lise ! Pauvre dévoyée ! Pauvre abandonnée !
Tout misérable paria de Londres qu’elle fût, cependant, au fond de cette âme désolée et souillée, une petite fleur s’était épanouie, la fleur d’un pur amour pour l’un de ces petits êtres au sujet desquels une Divinité, éternellement miséricordieuse, qu’elle ne connaissait pas, a dit un jour :
« Laissez venir à moi les petits enfants, ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux est à eux ! »