Page:LeVasseur - Têtes et figures, 1920.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
TÊTES ET FIGURES

fripouille des environs resta là, bouche muette, à contempler la scène.

La mère Mawks ramassa ses jupes en désordre, avec un air de défi et en reniflant de ses deux narines, comme pour dire : Qu’on vienne donc se mêler de mes affaires, si on veut être bien reçu !

Il se fit un moment de silence.

Tout à coup, un individu émergea en titubant d’un tripot, et en s’essuyant les lèvres du revers de la main. C’était un être à la charpente massive ; mine de brute, tignasse rousse, yeux en trous de vrille, regard de furet. Il se mit d’abord à toiser d’un air hébété, Lise toute en larmes ; ses regards se portèrent ensuite sur la mère Mawks, puis sur chacun des voyous groupés.

— Y a du grabuge, articula-t-il la langue épaisse ? Quoi c’que y a ? Allons ! faut pas fafiner ! Qu’on parle ! Joe Mawks est là pour voir à c’que tout marche correct. Allez-y, mes p’tits cœurs, allez-y !

Et il se prit à ricaner d’un air stupide en plongeant une main dans la poche de son pantalon de velours rapiécé d’où il tira un brûle-gueule qu’il se mit à charger lentement de tabac dans un vieux sac tout graisseux, en éparpillant le