tant la candeur la plus pure et les referma dès qu’elle fut sur le dos dans son carton.
Pour Louisette, ce fut un ensevelissement, presqu’une inhumation.
Elle ajusta le couvercle de la boîte, non sans avoir déposé plusieurs baisers sur le front de Gabrielle, et monta au grenier la poupée de ses rêves qui se trouva alors, quoique sous le comble de la maison, en compagnie d’une foule d’autres plus ou moins infirmes…
Le soir, les amis, les grands messieurs, vinrent. Louisette était au salon, mais toute la soirée, elle demeura triste, morose, absorbée dans la pensée de sa poupée. Les grands messieurs, qu’est-ce que ça pouvait bien lui dire ?
Une fois au lit, elle ne put clore l’œil.
— Gabrielle !… Cette pauvre Gabrielle. Elle a peut-être froid là-haut, se disait-elle à chaque instant.
Obsédée par cette pensée, soudain elle se dressa sur son séant ; doucement elle se laissa glisser de son lit et, sur la pointe des pieds, dans l’ombre, se dirigea du côté de l’escalier du grenier, en gravit les marches avec grandes précautions, alla droit où Gabrielle gisait toujours impassible, inconsciente dans son étui de carton. Prenant la poupée dans ses bras, elle redescendit à sa chambre, avec la même discrétion qu’elle l’avait quittée.