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TÊTES ET FIGURES

cousine, Blanche. Elle en serait très heureuse ; elle n’en a pas reçu, elle, cette année.

Louisette, faisant bien triste moue, partait à pas lents du côté de la porte de sortie, en emportant Gabrielle dans ses bras, puis, une fois dans le corridor, elle courut se réfugier dans la cuisine, auprès de la bonne, à qui elle raconta son chagrin.

— Maman ne veut plus que je joue avec ma poupée, articula-t-elle entre deux sanglots.

— Pourquoi ça, interrogea la bonne ?

— Elle dit que j’ai treize ans passés, et que je suis trop grande maintenant…… je ne suis pas aussi grande que ça, dis, bobonne ?

La brave fille tenta quelques vagues explications, puis enfin réussit à persuader Louisette, en guise de concession au désir maternel, de replacer la poupée dans sa boîte de carton, de la monter au grenier, où elle pourrait aller la reprendre quand elle le voudrait, en l’absence de sa mère.

Ah !……

Ce fut bien en rechignant que Louisette, se rendant au conseil de la bonne, alla remettre Gabrielle dans son étui.

— Pauvre Gabrielle, fit-elle avec un bien gros soupir ! Et elle lui raconta la formidable nouvelle, l’affreux décret de séparation.

La poupée demeura impassible, en fixant dans l’espace ses deux grands yeux bleus, reflé-