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TÊTES ET FIGURES


Au cimetière


Je cheminais tranquillement le long de la route qui conduit au cimetière Saint-Charles, près de la place Sans-Bruit, humant l’air frais, l’atmosphère tiède et ensoleillée d’une après-midi d’octobre.

Je me rendais au champ des morts, l’âme pénétrée de bonnes pensées et faisant des vœux ardents pour quelques-uns des miens et ceux de mes amis qui ont, depuis quelques années déjà, pris leur feuille de route pour un pays d’où l’on ne revient pas souvent.

Pauvres miens, pauvres amis ! Il me semble les voir là, encore tout vivants, gais causeurs, francs rieurs, et faisant, à votre intention, de leur intérieur domestique, le rendez-vous le plus agréable du monde. Hélas ! tout cela, comme c’est déjà loin ! Ils sont passés, nous passerons, chacun son tour. À la ronde, messieurs, ne vous pressez pas ! Ça ira !

Dans le moment, tout était silence autour de moi, et je m’étais laissé choir dans les pen-