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TÊTES ET FIGURES

et rien n’est plus accablant pour lui que d’avoir à formuler une sentence de mort.

— Mon Dieu, docteur, intervint-elle, tâchez de le réchapper ! Rien ne me coûtera à faire pour assurer sa guérison.

Je ne répondis rien. Je continuai à faire l’auscultation du petit malade, tout en m’indignant de mon mutisme, et de ma pusillanimité.

Enfin, il me fallut bien agir. Je relevai la tête et me dressai droit debout près du lit, comme pour me donner un aplomb que je n’avais pas du tout.

— Eh bien ! docteur, hasarda-t-elle nerveusement, qu’en pensez-vous ?

À ce moment-là, j’aurais donné beaucoup pour pouvoir lui répondre : Je vais le sauver. Mais, c’eût été mentir, et je décidai de m’en tenir à la triste vérité.

— Je ferai mon possible pour le sauver, madame, répondis-je tranquillement, mais je ne crois pas que mes soins puissent sensiblement améliorer son état.

— Comment, docteur ! ! ! Non ! ça n’est pas possible ! Voulez-vous dire qu’il va mourir ? articula-t-elle avec une expression saisissante d’anxiété et de douleur ?

— Mon Dieu, madame, j’adoucirai ses derniers moments, fis-je en baissant la voix.

— Oh ! non ! docteur, c’est impossible ! Il ne mourra pas. Mon Dieu ! Sauvez mon petit