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TÊTES ET FIGURES

fardeau, pendant qu’elle dort là-bas sous les cyprès du cimetière ? Ah ! c’est que la vie a de ces coups terribles qui, s’ils ne tuent pas instantanément, conduisent lentement leur victime à la tombe. Les cicatrices qu’ils laissent sont profondes et restent béantes.

Je suis solitaire en ce monde, et je vais vous dire pourquoi.

Par une belle matinée de juin, je venais de faire ma ronde ordinaire chez des malades. Nonchalamment étendu sur une ottomane dans mon bureau, je fumais tout en lisant le journal du matin. Soudain, mon domestique vint m’annoncer qu’une dame requérait mes services sans délai, pour son enfant qu’elle croyait dangereusement malade.

Le temps de revêtir mon pardessus, de crayonner à la hâte l’adresse de cette dame et de sauter dans un coupé, j’étais en route.

Bientôt, j’arrivai à la porte d’une maison d’extérieur bien modeste, dans une petite rue d’un quartier populeux de la ville.

On avait probablement entendu le bruit de la voiture, car, à peine avais-je touché le timbre,