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TÊTES ET FIGURES

Cela suffit pour cette nuit, glapirent-elles en jetant en arrière un regard de haine et de vengeance satisfaites.

Et toutes trois s’envolèrent au couchant. Elles disparurent bientôt à l’horizon, en quête d’autres endroits de la terre à désoler, d’autres humains à immoler.

Scène d’abomination et de désespoir !……

Qui pourra jamais décrire ce fouillis de ruines ?

Qui pourra peindre les horreurs de cette nuit lamentable ?……

Les infortunés, chassés du logis par le fléau, se réfugiaient pêle-mêle dans les champs d’alentour, sans vêtements, et à la merci d’une température inclémente.

Femmes, enfants, vieillards grelottaient, ô dérision ! en face de l’incendie, autour de quelques pauvres meubles sauvés à grand’peine.

Et, fait à peine croyable, parfois des monstres, sortes de vautours, venus on ne sait d’où, rôdaient autour des femmes seules, des vieillards débiles, et, malgré leurs cris et supplications, les dépouillaient des quelques effets, leur seul avoir, qu’ils avaient pu arracher à la destruction.

Les animaux domestiques, chevaux, chiens et bestiaux, affolés de terreur dans ce tumulte