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LE NOM DANS LE BRONZE

dame Couillard employait les moyens spirituels, parce qu’elle croyait qu’au point où en étaient les choses, ils étaient les seuls efficaces. Des leçons trop directes, une opposition radicale au sentiment de sa fille ne pouvaient aujourd’hui, lui semblait-il, que provoquer une révolte et un regain d’amour. Si souvent, les obstacles ne font qu’augmenter une passion. Mais elle veillait avec une patience angoissée, demandant au ciel de permettre que tout se dénouât naturellement, sans blessures trop douloureuses pour le cœur de son enfant.

Ce soir, Madame Couillard a lu le tourment sur le visage de Marguerite. Cette dernière promenade en canot lui inspire de nouvelles inquiétudes. Toutes ces occasions que les jeunes gens d’aujourd’hui ont d’être seuls ! Elle accorde bien sa confiance à sa fille, mais déplore les usages changeants, et cette excessive liberté de la jeunesse. Se sont-ils avoué leur amour ? Ont-ils décidé de tout braver pour s’unir ? Marguerite s’est endormie ; mais sa mère, angoissée, redoutant moins sa propre peine que le malheur de son enfant, dans l’ombre, cherche une solution à ce torturant problème.