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LE NOM DANS LE BRONZE

son émoi. Pendant tout ce temps qui s’est écoulé, depuis qu’elle l’aime, Steven n’a donc pas eu les mêmes sentiments, il n’a pas désiré comme elle joindre pour toujours leurs deux vies ? Mais pourquoi l’a-t-il tant recherchée, pourquoi est-il venu la troubler ? Elle ne l’avait pas appelé, et des reproches naissent dans son esprit. Des idées qu’elle n’avait pas accueillies jusque là l’assaillent. Sa famille, ses amies ne s’informent plus jamais de Steven, l’objet pourtant, au début, de taquineries affectueuses. On s’était amusé d’un flirt : se refuse-t-on, à approuver un amour qui l’achemine vers le mariage mixte ? Ils se sont fourvoyés, ils n’auraient jamais dû s’aimer.

Bouleversée, elle ne peut cacher sa peine, son désarroi. Ses yeux se mouillent malgré elle. Steven se tait. Une détresse profonde les envahit. Ils rentrent en ville, où leur tristesse se perd dans le tumulte de la fin d’une journée de travail. Ils mesurent leur amour au déchirement qu’ils éprouvent, en face de cet obstacle qu’ils avaient prévu, mais qui se dresse tout à coup, implacable.