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LE NOM DANS LE BRONZE

à une amitié. Quand il découvrit ensuite la place qu’elle prenait dans sa vie, il s’alarma, résolut de rompre.

Mais les jours passent maintenant sans amener de rupture. Déjà, il ressent une faim insatiable de la présence de Marguerite ; et faible devant la souffrance qu’il provoquera chez la jeune fille, faible devant sa propre souffrance, il se lie toujours davantage, avance sans cesse au lieu de reculer sur cette route défendue.

Quelle sera la fin de ce roman ? Ce qui les sépare ne lui semble parfois que préjugés. Intimement, il n’est plus protestant, mais déiste. Toutes les religions doivent être bonnes. Il ne s’en préoccupe guère. Mais il est de sa race et de sa famille. Son père était pasteur. Sa mère, qui vit encore, est restée très anglaise, ses sœurs, n’ont pas appris le français, se condamnant ainsi à un pénible isolement. La petite ville aussi le lie. Sa conversion y serait un événement, un scandale pour les siens déjà si peu nombreux, si seuls. Il n’a d’ailleurs aucun désir de changer de religion, mais il sait que Marguerite n’accordera pas sa main autrement. Alors, il l’aime, la croit indispensable à son bonheur, mais se demande s’il ne doit pas rester