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LE NOM DANS LE BRONZE

Elle rougit un peu, et se tait. Cependant, elle garde sa physionomie de bonheur et, laissant traîner sa main aux ongles polis dans la limpidité de l’eau, elle regarde ensuite perler au bout de ses doigts les gouttelettes transparentes.

Steven est traversé d’un remords. La dernière réflexion de Marguerite a réveillé une préoccupation, qu’il tâche ordinairement d’endormir. Il aime cette jeune fille, croit être payé de retour, mais peut-il l’épouser ? Il mesure une fois de plus le mal qu’il va lui faire. Il se blâme d’avoir laissé croître en son cœur un sentiment si profond pour une Canadienne française. Il se blâme davantage d’être faible, de s’abandonner à ce sentiment au lieu de le rejeter. La différence de sang, la disparité de religion, pour lui c’est une barrière. Il juge que Marguerite est trop inexpérimentée pour y réfléchir. Au début, il n’a pas voulu prendre de décision, alors qu’il en était encore temps. Elle était si jeune, le mariage était certainement pour elle un événement lointain. Ses premiers scrupules, il leur avait imposé silence, se disant qu’il accordait trop d’importance