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LE NOM DANS LE BRONZE

passerelle, son image glisse dans l’eau calme. Steven, longtemps, conservera le souvenir du visage enchanté de la jeune fille, tel qu’il le surprit alors.

Il accoste, l’installe parmi les coussins comme sur une chaise longue, et le canot rouge repart, emportant sur l’eau bleue leurs deux silhouettes blanches et l’ombrelle en cretonne vive de Marguerite, semblable à une grande fleur. En sortant du bassin, ils hésitent. Iront-ils sur le Richelieu voir traîner dans l’eau la chevelure lourde des saules du rivage ? ou du côté de la Pointe aux Pins sablonneuse et odorante ? Qu’importe, au fond, pourvu qu’ils soient ensemble ? Steven n’avironne plus. Il attend la décision de Marguerite, et pendant ce temps, le fleuve les entraîne du côté de Sainte-Anne. Ils longent la ville à demi-cachée par sa large ceinture d’arbres. À travers les feuillages se montrent quelques dos de maisons plus proches, l’hôpital, et les clochers de St-Pierre.

Steven promène ses yeux amusés de Marguerite au paysage. L’air est d’une douceur infinie. L’éclat des choses environnantes les surprend tous deux comme