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LE NOM DANS LE BRONZE

au Château, ce matin, des millionnaires de la haute finance new-yorkaise, paraît-il…

— Y a-t-il des jeunes gens ? interroge Louise. Nous pourrions tendre nos filets.

Son père prend la mouche, sa voix vibre d’une indignation contenue :

— Ne me fais jamais le chagrin de vouloir épouser un étranger. Les risques de mésentente sont assez considérables dans les ménages ordinaires, sans y ajouter ceux d’une différence de race et de religion. Rien n’est plus affaiblissant pour notre peuple que ces mariages mixtes. Justement ce matin, je m’irritais de constater combien des nôtres, pendant la guerre, ont épousé des Anglaises d’outre-mer…

— Mais je plaisantais, papa…

— On ne plaisante pas avec ces choses.

Pour le vieil avocat, plaisanter à ce sujet, c’est une espèce de sacrilège, c’est plaisanter de choses religieuses.

Des opinions s’échangent ; des faits sont relatés. Louise s’en mêle. Marguerite s’abrite du sourire timide qu’elle sait parfois arborer comme un écran ;