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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

loin, l’année précédente. Quel plaisir plein d’orgueil que celui d’apprivoiser cette farouche ? Et il se rappelait certain soir d’hiver, à la Galerie des Arts. Elle avait passé, elle l’avait vu, lui, Alain, elle s’était faufilée entre les groupes et elle avait disparu. Maintenant tous les jours il venait pour elle et elle fuyait. Il organisa une excursion en yatch ; cette fois, elle ne pourrait se dérober ; une excursion pour aller voir coucher le soleil au pied d’une certaine montagne. Il amena trois jeunes gens. Il les présenta aux autres jeunes filles et retint Nicole pour compagne. Quand le moteur en mouvement couvrit les voix, il lui dit :

— Maintenant, vous êtes captive, mademoiselle Nicole.

— Mais non, vous oubliez ; que je sais plonger.

— Eh bien, alors, avant de disparaître, regardez-moi bien : je ne veux plus subir l’humiliation de vous rencontrer et de n’être pas même reconnu.

— Mais je vous reconnaissais ! Seulement, je supposais que vous pouviez bien, vous, m’avoir oubliée…

Nicole, ne pouvant fuir, et de bonne humeur sans savoir pourquoi, parla. Le soleil disparut derrière le cercle des montagnes. Le ciel d’un rose intense se reflétait dans l’eau. Le yatch longeait