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CHOSE DU MONDE
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dérées comme des malheurs, et qui se révèlent plus tard comme étant la source de grands bonheurs.

Claire souriait et déclarait :

— Eh bien, je voudrais les découvrir tout de suite, mes sources de grands bonheurs.

Et lasses toutes les deux d’être si sérieuses, elles plaisantaient.

Non loin du fauteuil vert, dans la glace d’une vitrine, Lucette voyait onduler ses cheveux bruns, luire la couleur claire de ses yeux noisette, sous la ligne mince et longue de ses sourcils. Une soudaine exaltation l’envahissait. Un jour, sûrement, quelqu’un la trouverait adorable, la contemplerait comme la petite chose la plus précieuse au monde. Cette heure arrivait. Cette heure préluderait à d’infinies félicités, car Lucette réglerait sa vie sur ses solides principes sociaux et religieux !

Elle devenait gaie. Claire disait alors :

— Je devrais être comme toi. C’est parce que je suis méchante, peut-être, et que je ne veux pas asses prier, que j’ai tant peur de n’être pas heureuse.


À la fin de l’après-midi, Lucette remontait à pied de la rue Roy au boulevard Saint-Joseph. Mais comment la longue marche l’aurait-elle fatiguée ? Elle ressassait les idées échangées. Elle songeait à Nicole, à Monique dont elles avaient