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II


L’hiver suivant, la flamme magique de leur adolescence vacillait, prête à s’éteindre. Mais leur vie n’avait pas beaucoup changé.

L’austère Nicole suivait des cours de dessin, la blonde Claire entreprenait sérieusement le cours de lettres ; l’optimiste Lucette se préparait à un diplôme de piano. Monique seule, toujours frondeuse, se vantait de ne plus rien faire. Elle lisait, sortait, dormait. La mode l’intéressait. Déjà, ses toilettes accusaient sa personnalité. Elle continuait pourtant de plus belle à déplorer sa médiocrité de fortune.

Les quatre se retrouvaient encore le lundi pour le cours de l’Université. La guerre avait éclaté. Poupon Rose n’était pas revenu. Mais elles n’aimaient plus Poupon Rose, elles ne pensaient plus à Poupon Rose, elles ne désiraient pas le revoir, et, ô ironie des choses ! c’était vraiment l’amour de la littérature qui maintenant les ramenait à la Faculté des Arts.

— Et le plaisir de sortir ensemble, disait Monique.