Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHOSE DU MONDE
[ 201 ]

a trop soigné sa toilette pour cela et surtout, elle est trop joyeuse.

Nicole revient, verse le café, passe les sandwiches, et leur première faim apaisée, leur déclare :

— Eh bien, vous ne semblez pas pressées de savoir ce que j’ai à vous apprendre ?

Les deux autres s’aperçoivent soudain qu’elle ne plaisante plus, qu’elle est émue et elles ont peur. Nicole reprend brusquement :

— J’entre dans deux jours chez ; les Carmélites.

Monique se refuse à le croire.

— Voyons, Nicole, ne nous tourmente pas.

Mais Lucette, plus pieuse, et qui connaît mieux l’âme et la volonté de son amie, reçoit le choc en plein cœur ; elle est sûre que c’est vrai.

Nicole, du reste, la voix un peu moins ferme continue :

— Je ne ris pas. Ma belle robe, ma nouvelle coiffure, c’est pour mon dernier soir avec vous dans le monde.

Atterrées, elles comprennent que la décision est irrévocable et elles ne font que murmurer pendant que leurs yeux se mouillent :

— Si, au moins, tu nous l’avais dit plus tôt, vieille Nicole. Nous nous serions réunies plus souvent.