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CHOSE DU MONDE
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s’éleva. Elles possédaient la paix profonde, ces Carmélites, elles ne subissaient point ces tortures, ayant tout abandonné. Elles ne désiraient plus autre chose qu’une félicité de l’Au-delà, pour elles comme pour tous.

Quand Nicole avait parlé de la beauté de la vie religieuse, Alain lui avait toujours dit qu’une mère de famille dans le monde avait autant de mérites. Mais alors, chaque fois, Nicole lui avait tenu tête.

— Vous ne savez ; pas ce que vous dites. Vous êtes trop matérialiste. Ces religieuses prient pour nous, prient pour leur pays.

— Bah ! Pensez-vous qu’elles aiment encore leur pays ? Elles n’aiment plus que le bon Dieu.

— Eh bien, j’entrerai au Carmel, et j’orienterai les prières des petites nonnes vers le bien de leur patrie. Tous les jours monteront d’ardentes suppliques pour que notre peuple soit le plus chrétien, le meilleur du monde !

Alain se moquait d’elle, et, dans ses bons jours, protestait :

— Ne vous en allez ; pas, douce Nicole, que ferons-nous sans vous ?

— Ah ! çà, disait-elle avec une moue sceptique.

Elle devinait qu’Alain ne croyait pas assez ; à l’efficacité de la prière pour comprendre jusqu’au